01/08/2010

Grandeur d'hier et d'aujourd'hui




J’ai toujours adoré les départs en vacances. Mon père et sa marinière, en tête de cortège dans le carosse bleu marine, ma mère qui parle au GPS comme s’il s’agissait d’une vieille copine. Et puis moi, sur la banquette arrière, les pieds nus, posés avec désinvolture sur la pile de bouquins de vacances, ceux qu’on a emprunté à la bibliothèque, la veille du départ. On traverse des étendues vertes et jaunes, des champs de blé, des armées de tournesol, au garde-à-vous vers le soleil. Parfois, une vieille chanson passe à la radio, quand on n’écoute pas les infos ; mes parents chantent en soupirant, la voix pleine de nostalgie, parfois ma mère se vante, lyrique « j’ai emballé sur ce slow » ; et on rit, les pneus tremblent et la pluie tombe. Les essuie-glace font des ola, la route s’étale sous le métal ; ah les routes de montagnes, et les virages ! Plus que des virages, des boyaux, des intestins de ciment. Au détour des vallées se dressent de temps à autres des auberges et des pistes de ski. L’estomac fragile, je baisse la vitre embuée, il fait quatre degrés dehors ; je me ravise. C’est quoi là-bas, derrière les montagnes ? J’ai confondu les nuages et la brume.

Je regarde les mains de mon père tapoter le volant : son alliance brille sur ses doigts aux ongles courts. J’ai dans le cœur un album photo, et sur le visage un sourire tatoué, comme indélibile.


(Derrière lui la ruine et la nuit s'effacent)


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