(Aujourd'hui s'est écrasé sur nous
a inondé les yeux muets
appesanti et morne sur les quatre mains
Ni hier et ni demain
J'ai tout perdu j'ai tout gâché
Mon géant de terre et de miel
La capuche lourde de rêves et de
pierres
Sa bouche comme un carcan
emprisonne l'air et la mer
C'est la gorge sèche que je remplace
Un homme qui n'a rien à envier
Et je trace dans la glace
Le vilain mot : désormais)
Le 26 février, à sept heures du
matin, je remonte la rue Sainte Catherine en faisant l'inventaire de
tous ces petits riens.
Ton rire en cascades comme un
gazouillis d'oiseau heureux.
Le chic que tu as d'être toujours en
retard.
Ta tendance à te perdre dans une
ville, qu'elle soit nouvelle ou connue.
Ta façon bien à toi de fermer les
yeux quand tu manges quelque chose de particulièrement bon, en
faisant tournoyer ta petite cuillère en l'air, comme une révérence.
La moue que tu fais quand tu trompes
d'accord sur ma guitare sèche.
Ton accent qui te trahit et dont tout
le monde se moque.
Et les mots que tu inventes, qui me
font toujours rire.
Ta bouche qui s'ouvre pour gober les
premiers flocons de neige, comme un gamin.
Ton grain de beauté au milieu du dos.
Tes lunettes qui te vieillissent
beaucoup trop.
Les phrases absurdes que tu répètes
en boucle quand tu es ivre.
Ton réveil que tu ne mets jamais à
heure fixe, toujours 7h26 ou 10h42 (tu m'expliques pourquoi mais je
ne t'écoute pas, je me rendors déjà).
Les chansons que tu chantes sans
connaître les paroles.
La fumée qui te pique les yeux.
Ta maladresse légendaire.
Et tes idées qui changent tous les
jours.
(Désormais je sais ce que je
risque
Maintenant je sais ce que je perds)
Chante, chante, ne me dis pas adieu
J'ai beau me taire en dedans, je ne
veux pas que tu t'en ailles
(è l'estate pazzo che non finirà mai)