06/11/2012

L'amoureuse





(Texte inspiré de Belle du seigneur et poème de Bukowski extrait du Ragoût du Septuagénaire)

Elle se lève à l'aube et s'habille de peur la peur de ne plus être à la hauteur à sa hauteur comme la dernière fois où ils avaient bu le ciel ensemble c'était un rêve non c'était mieux qu'un rêve d'ailleurs des rêves elle n'en fait plus sans lui à l'intérieur il prend toute la place il prend trop de place se dit-elle en sucrant son café déjà froid en attendant son sucre à lui sur ses lèvres déposé et ses lèvres à elle se couvrent de rouge du rouge elle en met souvent mais trop ou trop peu il ne tient pas elle ne sait pas s'y faire et puis ses sourcils de toutes les manières ils sont asymétriques rien à faire le crayon dans les yeux se délave sous le vent et elle va le chercher toujours à l'aube près du canal qui gémit comme un chat mourant comme un chat mécontent il mord dans du pain chaud et moi dans le cuir de son cou j'attends qu'il défasse ses valises mais même quand ses paquets sont ouverts ils sentent l'adieu ils sentent l'odieux départ alors elle ne pleure pas et elle attend elle attend toujours elle lui fait voir des visages nouveaux et lui donne à manger des choses qu'il ne connaît pas comme si elle voulait le surprendre mais dans sa bouche les mots qu'elle tend il ne prend jamais comme il faudrait jamais comme elle devrait les dire elle ne dit jamais ne pars pas parce que c'est trop trop pour lui trop pour elle ou trop pour ce nous qu'elle invente et qui n'existe pas et elle repense à celui d'avant qui ne lui faisait pas ces effets-là qui sait s'il n'aurait pas mieux fallu et la théorie des poupées russes elle y repense souvent en se disant que si c'est le dernier pour elle ce n'est pas l'ultime pour lui elle n'est qu'un bout de bois où se cache une autre bien mieux tout au creux de son ventre et elle n'y peut rien parce que



douleur idiote

un visage 
dur dur
sous une peau
dure
dure

mais quel beau
corps

et tes cheveux roux
si roux
mais quand je
les
TOUCHE

ils sont
plus durs que des
boyaux
rêches comme un cri de
corbeau

mais quel
merveill-
eux
corps

le problème
c'est que
je croyais que tu
pourrais
changer en
quelque chose
d'autre.

et il y a
aussi
que tu ne vaux plus
tellement
la peine que j'écrive
sur toi

et libéré de
cela

je connais un nouveau
et plus raisonnable
supplice.