01/12/2010

Vivante et morte séparée



(Pareille à un verre d'eau qui sera toujours bu)


« Comment tu fais pour tenir le coup ? », tu m'avais demandé ça une fois. Sur le coup, je ne savais pas trop quoi répondre - à vrai dire je n'étais même pas consciente que j'arrivais à tenir, j'étais là, c'est tout. D'abord, j'ai pensé que j'avais tout simplement réussi à être un peu plus courageuse. Mais finalement ce n'était pas une question de bravoure, quand j'y pense. Je me suis laissée marcher dessus, je me suis allongée sur le carrelage de la salle de bains, des quintaux de mouchoirs dans chaque poing, et j'ai laissé passer le temps. J'ai regardé sans les voir les petits grains de sable tomber les uns sur les autres dans le sablier. J'ai vu que je vieillissais quand les feuilles ont commencé à rougir, et que les arbres étaient nus. Dans ma chambre ça sentait le sucre. Toute ma maison sentait le sucre. Aujourd'hui encore ça m'abrutit, ça me grise. Mais je sais maintenant, ce que je faisais pour tenir le coup. Je pensais à toutes ces petites choses, tous ces petits riens. Tellement minuscules qu'auparavant ils se glissaient pour ne pas se faire voir, pour ne pas se faire sentir. Surprendre un beau garçon qui vous regarde subrepticement; boire un chocolat chaud avec des amis, ou un thé brûlant en lisant un bon livre; se rouler dans l'herbe; manger quelque chose de trop gras ou de trop épicé mais l'avoir dégusté, en avoir senti tous les arômes et les secrets; lire une belle lettre d'amour (et même de non-amour); pleurer devant un navet américain; pleurer devant un oignon qu'on épluche; pleurer des larmes de joie saveur eau de mer; sortir du coiffeur avec un sourire grand format; ouvrir un gros cadeau bien emballé le jour de son anniversaire, renoncer à le faire correctement et tout déchirer (et souffler sur les bougies aussi, ça sent bon); réussir à faire un trait d'eye-liner impeccable; aller à la cave chercher du vin blanc et rester un peu plus longtemps pour sentir le linge propre qui sort de la machine; s'offrir un nouveau sac et s'en vouloir parce que le placard en déborde déjà; s'acheter un vinyle et assister à la cérémonie du tourne-disques, le trente-trois tours qui danse collé serré contre le diamant qui siffle en réponse (salut poupée, tu chantes bien); faire l'amour à un garçon qui sent bon le sable chaud, comme dans la chanson; regarder ses sœurs et être heureuse de réaliser qu'on leur ressemble; aimer quelqu'un; détester quelqu'un d'autre et aimer ça.

Et se sentir aimée, soutenue, comme toi qui t'inquiète, là. J'aime bien ta tête quand t'es triste, c'est humain ?


3 commentaires:

  1. Cool, un article qui rend heureux :)

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  2. J'ai mis du temps à te retrouver! Te revoilà donc :)
    Je parle d'un garçon, oui d'un garçon de tout l'amour que j'éprouve pour lui, et de tout ce qu'il fait pour me le rendre tant bien que mal. De lui, de sa mère aussi.
    I'm really happy, you know. It's hard but I'm finally happy. With a boy. Thank to him.

    Hope you're fine too. You seem to :)

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  3. Oh. Je suis trop touchée de me retrouver dans tes coups de coeur, vraiment. Ca me fait tout drôle, ça fait si longtemps que je suis tes blogs, que je te lis derrière mon écran, comme si je rentrais dans l'intimité d'une fille célèbre et intouchable, et puis là, wouh ça fait drôle. :)

    Pour ne pas être complètement hors sujet avec l'article, je tiens juste à te dire qu'il m'a foutu un grand sourire sur le visage, et en ce moment c'est un vrai exploit d'arriver à faire ça..!!

    et enfin, pour répondre à ton commentaire qui est très juste, la chose qui me dérange c'est que l'amour me fait toujours mal, tellement mal que je ne sais pas profiter de l'instant heureux. Je reste figée dans la douleur, c'est terrible.

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